Depuis la nuit des temps, l'Homme se pose une même question : sommes nous vraiment seul ?
Que ce soit sur terre ou bien ailleurs, dans l'au-delà, l'être humain à souvent chercher des réponses sans jamais en trouver. En quête d'une chose qui serait son égal, un être qui lui serait supérieur, un modèle, peut être, ou encore un ennemis, ses recherches, hélas, ont toujours étaient vaines.
Années après années, siècles après siècles, de nouvelles questions étaient soulevées, mais toutes restaient sans aucune réponses et ce malgré les incessantes recherches, les gigantesques et terribles inquisitions et les nombreuses battus. L'ignorance reignait.
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Kierkegaard
Abbigail Warren
Abbigail Warren
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MessageSujet: Kierkegaard   Kierkegaard EmptyLun 14 Déc - 22:20
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Dimanche. Le soir. La journée avait été tranquille. Ils avaient mangé le crumble dominical pour le brunch, accompagné d'un jus d'orange pressé avec la nouvelle machine, et ce dès le retour de la messe de Jed. Puis ils avaient sorti le chien et salué quelques paroissiens. Caïn avait été calme : les séances de dressage se passaient bien. Gail avait une autorité naturelle avec les animaux. Et sans doute aussi avec les humains. Si elle n'avait pas choisi les méandres de l'esprit des humains, elle aurait sans doute pu faire carrière dans la politique, ou tout du moins c'était ce que pensait son père Clancy.

Abbigail avait commandé à dîner quarante minutes plus tôt. Ce soir, ce serait plateau repas devant la télévision avec Jed. Elle avait soudain eu envie de manger du Mok Thoup, une soupe de légumes avec des raviolis de raviolis tibétains, farcis au bœuf et aux herbes aromatiques. Et elle connaissait bien le traiteur au coin de Main Street ; après tout, quand on a un petit garçon tibétain, il est normal de conserver une partie de ses racines au moins en lui faisant manger quelques plats de son pays natal. Il avait plein de temps pour s'accoutumer aux hot-dogs et autres hamburgers que son pays d'adoption avait eu à lui offrir, et Abbigail ne doutait pas du fait que dans sa chambre étudiante il devait encore manger des bouts d'Etats-Unis culinairement parlant.

En attendant le livreur, la psychiatre s'attelait à sa tache préférée : le choix du livre qu'elle lirait toute la semaine prochaine. La semaine passée elle avait relu les écrits de Freud, mais trop rapidement à son goût, si bien que pour la première fois elle s'était retrouvée à lire des articles de journaux sur sa tablette le soir, au lieu de son livre qu'elle avait fini le mardi matin. Cette fois-ci, il lui fallait quelque chose de plus dense, peut-être d'un peu différent. Quelque chose de spirituel, pourquoi pas ? Ou mieux, historique et spirituel. Tous les ans, elle faisait une grande commande de livre, à peu près une centaine qui étaient tous livrés en même temps. Et il y avait de nombreux ouvrages qu'elle n'avait pas encore ouvert dans la bibliothèque qui s'était construite tout autour du meuble à télévision.

Là, elle trouva son bonheur de la semaine : Les Procès des Sorcières de Salem. Voilà qui lui ferait découvrir de nouvelles perspectives, un nouvel angle sur la sorcellerie. L'ouvrage était rédigé par un démographe, un psychologue et un historien. Nul doute que ce livre lui apporterait quelque chose de nouveau, de frais. Le livreur venait de sonner. Elle posa le livre sur la table basse du salon, à côté de son plateau repas en bambou, et fit claquer ses talons jusqu'à son sac, posé près du petit meuble en fer forgé à côté de la porte d'entrée. Elle ouvrit la porte.

"Bonsoir Mrs. Warren.
Bonsoir Pemba.
Voici votre commande, comme d'habitude. Les pâtisseries sont offertes.
Merci. Attendez un instant s'il vous plaît. Elle se tourna vers l'intérieur de la maison. Jed ? Jed, est-ce que tu aurais dix dollars s'il te plaît ?" Elle interpella son mari qui devait être affairé quelque part dans la maison. Il ne manquait rien pour payer le livreur, mais elle n'avait pas prévu son pourboire cette fois-ci.

Elle remit ses cheveux blonds et laqués en place, bien qu'ils n'aient pas bougé d'un pouce.
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MessageSujet: Re: Kierkegaard   Kierkegaard EmptySam 2 Jan - 17:08
Jed était épuisé.

C'était cet épuisement caractéristique d'une confrontation avec un être de la nuit, une créature surnaturelle, ces bestioles qui avaient le don de venir perturber, voire mettre en danger, sa vie pourtant si bien faite, si bien rangée. A côté de lui, Gail était égale à elle-même. Gail était toujours égale à elle-même. Cela le calmait toujours incroyablement. Il n'avait qu'à suivre son train-train de vie et se détendre en la laissant décider par caprices semi-spontanés ce qu'ils faisaient de leur journée. Elle avait du remarquer qu'il était un peu en dehors depuis mercredi. Il lui avait dit que des choses compliquées se passaient à la chapelle. Il n'avait pas véritablement menti, pour une fois.

Pendant que sa femme débattait intérieurement sur son livre de la semaine, Jed fixait sans succès le magazine de jardinage dans lequel il était censé choisir ce qu'il allait y faire pousser. Il fixait le magazine sans le voir, perdu dans ses réflexions. Il n'arrivait pas à se sortir de la tête ce garçon si étrange de ce mercredi matin. Que faire ? Qu'en faire ? Il sentait la colère de son impuissance commencer à monter comme on regarde un soufflé depuis l'extérieur du four : avec inquiétude et espoir. Sauf qu'ici l'inquiétude était que le soufflé continue de monter, et l'espérance était de le voir s’essouffler et retomber sans un bruit. Il allait proposer un film ce soir à Gail, quelque chose pour lui faire oublier tout ça, de  la violence peut-être ?
Ah, si seulement elle pouvait lui accorder un petit « temps à deux » pour ce soir.

L'appel de sa femme le tira de ses pensées. Il attrapa son porte-feuille tout en se levant, tirant rapidement les dix dollars demandés. Elle avait du oublier le pourboire du garçon. Il arriva vite sur le seuil, salua Pemba, un bon garçon, celui-là. Gail et lui avaient essayé de le faire devenir ami avec Max, vu leurs origines, mais celui-ci leur avait vite expliqué que ce n'était pas une raison. Ce à quoi Jed avait répondu que Pemba était un bon garçon, et que cela devait bien suffire. Il ne se souvient plus exactement de la réaction de son fils... il avait du soupirer.

Le repas payé, le pourboire offert avec un sourire et quelques questions sur la famille du garçon et la porte refermée, il ne restait plus que lui et sa femme dans l'entrée de leur maison. Elle avait dans les mains son sac et la commande. Elle était immobile. Elle allait, d'ici quelques centièmes de secondes, recommencer à avancer comme un tank au milieu d'un champ de coton vers la suite de son programme. Il n'avait qu'un court instant. Il fallait toujours trouver le centième de seconde de contretemps chez Gail pour pouvoir arriver à  l'attraper. Jed était devenu spécialiste pour trouver ces infimes moments d'inattention.

Il fit glisser ses mains sur les hanches de sa femme avant de les croiser sur son ventre, la serrant contre elle juste avant qu'elle ne se remette à bouger, et à parler, pour qu'ils se mettent à table. Il ne fallait pas être rapide, mais précis. Les hommes pressés ne plaisaient à Gail que dans cette délicate tendresse qu'elle accordait aux imbéciles et aux sensibles. Ce qui incluait d'ailleurs la moitié du temps son mari. L'autre moitié du temps, il trouvait le timing. Il baissa légèrement la tête pour lui murmurer à l'oreille : « Je dois t'avouer que j'ai faim d'autre chose que de tibétain ce soir, Gail. »

Il pencha encore un tout petit peu la tête pour essayer de placer un baiser sur le cou de sa femme. Il ne se pressait pas. Il savait que s'il avait de la chance, que si son timing avait été parfait, que s'il l'avait fait au bon moment, si elle se sentait d'humeur, elle le laisserait faire. Sinon, elle se serait décalée au moment où ses lèvres auraient du toucher sa peau.

Jed était habitué aux refus. Il fallait avouer qu'il la harcelait un peu trop de fois par jour pour se formaliser d'un refus. Il adorait trop le sport et le talent que demandait ce harcèlement pour se formaliser de la réussite ou de l'échec de l'entreprise. Cela avait toujours le don de le calmer et de lui faire oublier ses soucis, de harceler sa femme.
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