feat. Parov Payne
Seul. Je voulais être seul. Il était sept heures du matin. Et j'exige qu'on me laisse
seul ( arrêtez-moi dès que vous avez compris le concept ). La douleur que me procurait mon auriculaire gauche était sans pareilles, et je me goinfrai de papier à base de pâte de bambou que j'avais crée la veille dans l'espoir ( vain, évidemment. Sinon la beauté de l'espoir ne marcherait pas, pensez-vous bien... ) de calmer mes lancements. Saleté d'humaine... Je sais très bien qu'elles se défendent ces choses-là, mais je n'aurais jamais cru que je devrais y laisser un doigt pour l'achever. D'un geste très lent, j'amenai une tasse de thé à mes lèvres et en but une petite gorgée, ce qui coupa court à mes pensées stupides. Et je repris mon goinfrage de papier en suivant.
J'avais passé la nuit à modeler mon doigt avec du papier journal mâché. Ça m'a mis en retard dans mes créations ( retouches comprises, évidemment ) couturières. Et vu que j'ai tué cette satanée humaine sans connaître ses proches ( quoi je suis à blâmer ? C'est de ma faute si elle était humaine, peut-être ? ), je ne peux même plus me venger correctement... Cette plaie. Béante, la plaie. Quoi donc ? Mais je suis calme. Je suis très calme. Occupé à pester contre la terre entière pour garder mon calme ( au cas où vous n'avez pas saisi l'idée ), ma main percuta le bois lisse de la table. J'avais épuisé mon stock de papier à base de pâte de bambou... Instinctivement, mon éventail en papier ( fermé ) se posa verticalement sur mes lèvres et mes yeux se dirigèrent en direction de la zone verte de la ville.
- ...Dans un froissement de tissu, je me relevai lentement et détachai mes cheveux en suivant. Bon, je n'avais pas tellement le choix... À lenteur grand L, ma démarche silencieuse me conduisit vers une zone d'arbres que je savais calme ( ça y est, l'idée est suffisamment rentrée ou vous en voulez encore ? ). Et je ruminais toujours intérieurement en pestant contre la terre entière, mais c'était à cause de moi si je douillais actuellement peut-être ? Violemment pas, non. C'était surtout à cause de l'autre bestiole, là. Arrivé sur place, j'escaladais un arbre lentement et m'installai sur la première branche qui me paraissait convenable. À deux mètres de haut, évidemment.
Je regardais le ciel nuageux en lançant des éclairs. Si la pluie s'avisait de tomber en aiguilles, je massacrai la ville. Toute la ville. Une douleur me lança dans l'auriculaire gauche, et je soupirai profondément et lentement ( cette idée-là aussi est passée ? Au cas où j'écrive pour rien, hein, on sait jamais ). Je recommençai à manger des feuilles et passai le temps en calligraphiant dans le vent. Et, inévitablement, je m'endormis sur ma branche, le dos confortablement installé contre le tronc. Je me réveillais – deux heures plus tard si j'avais gardé mes bonnes habitudes – avec les vêtements humides. Il bruinait, et un fin sourire étira mes lèvres tandis que mon éventail en papier se posa dessus.
... Déchantement rapide. Je regardais mon auriculaire gauche et... Et merde. Saleté d'eau. Saleté de bruine que j'aimais. Vous voyez que l'amour ça rend faible... C'est empoisonné, je vous dis. Créant des bandelettes fines de papier à base de pâte de bambou pour renforcer mon modelage, je repliai ma main gauche dans ma manche ( avec mon éventail ) pour ne pas l'exposer à la bruine. Et ma tête se tourna vers la droite. ... La droite en bas, accessoirement. Qu-...
Oh dear, I am in trouble... Pourquoi un humain venait me déranger à ce moment-là ? Hein ? Ça manque d'éducation, ces bestioles, ça en manque cruellement même...
Qu'on me laisse seul, c'est trop demandé ? Je dirigeai mon regard vide devant moi. C'est trop demandé, en effet. Vu le blond qui se rameutait par ici... Depuis combien de temps il était là d'ailleurs, celui-là ? Tss... Il n'y a pas à dire....
Je déteste les humains.
Défintivement.
Je les hais.
Tous.