▌Description du caractère :Désabusé ◊ Paternel ◊ Bon fond ◊ Egocentrique ◊ Pragmatique ◊ Désinhibé ◊ Lettré ◊ Blasé ◊ Flemmard ◊ Amical ◊ Pédagogue ◊ Procrastinateur ◊ Passablement alcoolique ◊ Acerbe ◊ Cynique ◊ Nihiliste ◊ Pessimiste ◊ Dédaigneux ◊ Shoppenhauerien ◊ Philosophe ◊ acariâtre ◊ Indépendant ◊ Seul ◊ Tout de même un peu attachant ◊ Extraverti ◊ Poissard ◊ Moqueur ◊ sarcastique ◊ s’interroge sur tout.
▌Aimez vous votre condition de monstre ? Monstre ? Est-ce là un synonyme d’humain ? Staz n’a pas à aimer sa condition de monstre puisqu’il ne se considère pas comme tel. Il est juste aussi monstrueux que tout autre homme. Paradoxalement, malgré sa connaissance des forces mystiques et de l’ésotérisme il reste un être très rationnel, la magie, les créatures : tous ça n’est pas chose extraordinaire. Il n’y a pas plus rationnel que ce qui est magique : c’est une essence des choses, quelque chose qui structure l’ordre du monde, qui était là au commencement et qui sera là à la fin.
▌Que pensez-vous des humains ? Que pense-t-il de ses congénères eh ? Tous des crétins congénitaux. Le XXIeme Siècle l’ennuis royalement et il regrette de ne plus y trouver les esprit auxquels il pouvait se frotter jadis. Bon, il fait évidement preuve de mauvaise foi car il n’a pas beaucoup cherché non plus.
Après, ce n’est tout de même pas sa faute si l’humanité tout entière lui tape sur les nerfs. ( Humains ou créatures, après tout il les met dans le même sac. ).
▌Êtes-vous bien intégré à la société ? Si oui, avez-vous un métier ? Et si vous êtes étudiant, qu'étudiez-vous ? Si vous ne faites rien de cela, que faites-vous ? Ce n’est pas vraiment sa condition « spéciale » dirons nous qui empêche Staz de s’intégrer à ce XXIéme Siècle de mouvance et de technologie. Non, c’est simplement son sale caractère. Staz est juste un type imbuvable. Il n’a pas vraiment d’emploi et se dit écrivain, c’est vrai, il a un grand projet de livre, un roman sur l’occulte, un roman sur le vrai. transcrire le magique avec des mots. Mais bon, cela fait quelques siècle que le projet avance à grands peines. Alors, la plupart du temps il se contente de parcourir les rues et les bibliothèque, recensant les créatures, les formules, les rites. Il a une grande connaissance des contes, légendes, mythologies en tout genre et est un expert en matière d’occulte. Sinon, lorsqu’il doit arrondir ses fins de mois, il donne des cours de littérature. Mais bon, c’est le genre de prof qu’on voit à peine deux fois par mois, légèrement psychorigide sur les notations, ses élèves pleurant à l’approche des partiels. Néanmoins, ça ne l’empêche pas d’être assez pédagogue pour transmettre sa passion des mots.
Souhaitez-vous dévoiler votre véritable nature au reste du monde ? Qu’il y a t’il à dévoiler ? Pas grand chose assurément. Staz ne crie pas ses talents sur les toits, mais ne s’en cache pas non plus. Il préfère prendre la question dans l’autre sens : « le monde est il prêt a connaitre la vrai nature des choses ? ». De son point de vue il ne pense pas, aussi travail t’il à ce recensement, cette recherche pour préparer le terrain de cet accouchement de vérité que devra un jour ou l’autre affronter l’humanité. Il aime à dire qu’il travaille à la maïeutique du réel.
Quelles sont vos activités favorites ? Avez vous une passion ? Écrire est l’une de ses passions, sa catharsis, son exutoire. Mais dans son ennui quotidien Staz est un homme ayant de nombreux hobbies : Il aime réfléchir et questionner des inconnus au risque de paraitre étrange, remettre tout en cause, briser des préjugés et des bases solides, choquer, être subversif, pousser l’autre à bout dans sa réflexion. Sinon, pour passer le temps et reposer son esprit sensible et sans cesses sollicité par le sordide et les voix, les étoffes d’âme qui l’entourent, il pratique diverse sortes de méditations.
Décrivez l'endroit où vous passez le plus de temps (une pièce chez vous, au travail, un endroit à l'extérieur, etc). Peut être chez lui, au fond de son lit, ou en train de trainer en babouche ( ou nu, parce qu’il fait ce qu’il veut nom de dieu ). Son chez lui est un endroit assez étrange, un appartement assez rustique mais remplis de babioles, de livrets, de feuilles et de travaux en cours. Des tentures et des mosaïques en tissus teintés couvrent les mur nus et insalubres. C’est un petit voyage dans autre monde.
Quel est le bien auquel vous tenez le plus ? Pourquoi lui accordez-vous tant de valeur ? Son zippo peut être ? Cela fait bien longtemps que Staz à perdu la notion des choses « matérielles ». Avec les années, les siècle il s’est rendu très vite compte de la futilité et de l’évanescence des objets, des possessions. Néanmoins, il est très attaché aux centaines de carnets qu’il possède chez lui, et qui contiennent tout son travail de recherche, des notes, des croquis, des histoires qu’il a récupéré aux fils de voyages, ainsi que les récits de ses vies passés, de ses amis, de ses amants, pour ne pas oublier. Sinon, Un seul objet à une grande importance pour lui : c’est une chaine qu’il porte autour du cou, une simple chaine mangée par le temps et l’oxydation, qu’il cache avec précaution sous sa chemise et qu’il ne retire jamais. C’est un médaillon qui renferme une très ancienne miniature de sa femme et de sa fille.
Quelle est votre plus grande peur ? Confronter des fantômes de son propre passé.
Que faites-vous pour pallier au stress ? Fumer. Ou boire. C’est que ça arrive assez souvent tout même. En vérité Staz c’est pas vraiment quelqu’un de stressé. Sinon il essaie la méditation.
Vous aimez-vous ? (question d'amour propre) Pas vraiment. Ou plutôt c’est l’image que les gens lui renvoient. Autrement, il a tout de même sa fierté et son amour propre, mais porte comme tout le monde sont lot de choses qu’il à se reprocher. Il ne sait plus trop comment qualifier sa notion d’être. La perte de repères temporels similaires à ses contemporains, lui a aussi un peu fait perdre la notion d’être.
Listez trois choses dans lesquelles vous vous considérez bon, et trois choses dans lesquelles vous ne l’êtes pas. + L’ésoterisme.
+ La littérature.
+ Boire des alcools fort.
- Être aimable.
- Se mettre au travail.
- Se lever le matin.
Quelque chose à rajouter ? Pratique la boxe française depuis très longtemps ◊ Cherche toujours la cause de son immortalité ◊ A toujours les pieds froids ◊ A énormément voyagé ◊ Parle des langues mortes telles que le latin ou le grec ancien. ◊ Ses voyages et ses études l'on amené à côtoyer pleins de dialectes ◊ Il est un très fin connaisseurs de divers mythologies, théologies ◊ Connais aussi de nombreuses incantations et des sorts. ◊ a un côté très paternel qu'il essaie de cacher. ◊ Déteste son prénom et se présente toujours comme "Staz". ◊ Déteste l'automne. ◊ aime la bonne cuisine, mais à un faible pour la nourriture indienne.
▌Physionomie :Son visage vous dit quelque chose. Enfers, c'est un visage qui a un air de déjà vu, un visage qui a traversé les âges.
Anastase c’est un homme, ayant physiquement une trentaine bien entamée, mais qui traine en réalité quelques bons siècles sur ses épaules. Il n’est pas vraiment épais, plutôt longiligne et sec ; il à des grande jambes qui lui permettent de courir ça et là, ( de fuir lorsqu’il va fouiner quelques part ou n’a pas payé son ardoise ). Il est plutôt de taille moyenne, 1m77, il n’aime pas tellement qu’on lui fasse remarquer qu’il est plutôt petit. Son visage est découpé comme au couteau, les traits sont net et vif, incisifs et heurtant : à son image. Staz c’est aussi ce dandy des temps modernes, qui ne jure que par son trench-coat, sa barbe de trois jours, et qui marche partout les mains dans les poches, la clope au bec comme s’il était chez lui. Staz c’est ce rictus moqueur, cette grimace sarcastique qui vous donne des envies de meurtre et qui se mêle à cette gueule d’ange. Staz c’est un visage souvent ennuyé et fade. Mais Staz c’est aussi cette barre d’inquiétude qui plisse son front, pince ses lèvres fines.
Il a des cheveux blond pâles qui se dressent sur sa tête dans un savant mélange entre coiffure et épis dorés, qui lui donne un aspect presque juvénile parfois, quand on le coupe à ses yeux bleus, expressif qui ne se gênent pas pour scruter ou fixer. Qui vous plantent en un regard. Ou semble aller se fixer dans un vide infini qu'il est le seul à pouvoir contempler ; un autre monde.
Il à quelques tatouages Staz, ce sont des talismans et des pentacles, des choses qui servent a protéger et qui se cachent dans son dos. Et puis, pour finir le portait il ne manque que quelques cicatrices, Avec le temps les plus anciennes s’effacent, mais il porte toujours quelques traces discrètes de ses aventure de baroudeur invétéré sur sa peau pâle.
Acte I
ou, Du masque et de l’étiquette.
Naissance. C’est sur cela que les rideaux s’ouvrent. La naissance, l’enfance : tout commencement de vie. Nous sommes en fin du XVII éme Siècle Français, cette époque de renouveau intellectuel, émoustillé par la renaissance et ses embruns venus d’Italie.
Le siècle de la guerre de 30 ans, de l’apogée du pouvoir royal dans cette société d’ordres.
Renaissance pour ce fier Royaume de France.
Une renaissance quelle bonne blague. Ça avait tellement marqué sa mère que c’est ainsi qu’elle l’avait nommé, Renaissance. Et pédante qu’elle était il fallait bien sur que ce soit du Grec : Anastase ; bon dieu qu’il haïssait son prénom.
C’était juste un prénom vous allez me dire. Mais quel prénom. Il en détestait chaque syllabe chaque intonation. Ce prénom avait été choisit par une femme qu’il détestait, sa propre mère n’est ce pas triste ? Il détestait tout la pédanterie, tout la préciosité dont il était porteur.
Toute sa vie n’avait été qu’études et étiquette; L’étiquette et sa rigidité. La cour mon garçon, il faut viser la cour. Ce n’est pas avec de telles manières que vous vous retrouverez à la cour.
Depuis enfant déjà il s’était senti à part, pas à sa place. Il s’était toujours senti comme un corps étranger dans un monde artificiel. C’est bien là tout ce qu’il voyait, de l’artificialité, des pantins idiots qui se pavanaient, se pouponnaient devant lui. Il détestait toutes ces galanteries, ces tournures de phrase idiotes qui servent juste à noyer les sentiments, à manipuler son interlocuteur. Il abhorrait cette étiquette de la galanterie, cette habitude idiote qu’avaient ses contemporains de jouer à se séduire, à se laisser, à se mentir les uns aux autres, à se tromper.
On le forçait à rentrer dans un moule qui ne lui seyait guère, non, lui avait un esprit évanescent, explosif. Une imagination débordante à ce qu’on disait, pourtant, pourtant lui avait l’impression de dire le vrai.
C’était un soir comme les autres dans les rues de la capitale. Tout juste âgé de 20 ans, Anastase ( ou plutôt staz comme il se présentait à partir de maintenant ) marchait dans les rues d’un pas léger. Il n’était pas convenable a l’époque de sortir si tard dans de telles rues, m’ai qu’importe, sa mère était a Rouen chez de la famille et lui avait prétexté des migraine pour ne point rendre visite à ces nobliaux de campagne qui lui servait de famille. Ils l’irritaient parfois même plus que tout les notables qui rejoignaient le salon de sa mère ( Le salon de Mme De Sycambre était l’un des plus côtés de la capitale ) car ils avaient pour eux cette pédanterie, cette assurance et cet égocentrisme, un aveuglement qui masquait à leurs yeux leur idiotie, leur ignorance. Il pensaient parler de choses intelligentes et fines quand ils ne les comprenaient pas. Répétant tout bonnement ce que des plus notables qu’eux avaient pu dire, comme si le grade assurait la véracité et la pertinence des propos.
Il avait alors décidé de sortir de s’aventurer un peu dans la nuit, la lune ronde comme une assiette brillait dans le ciel : un seul gros oeil qui le maternait.
Il faisait sombre comme dans une grotte au sein de cette capitale, et la seule lumière était le halo blanc de la lune, un halo fantomatique qui enrobait tout ce qui l’entourait, et qui enrobait sa tête par la même occasion, la faisant sonner comme un carillon.
Regardant d’un air rêveur les remous de la seine, il sera un peu plus les pans de son manteau contre lui. Diable, qu’il détestait les habits aussi.
Soudain, il entendit du grabuge dans un peu plus loin. N’écoutant pas sa cervelle qui à coup sûr lui aurait dit de fuir, lui le petit nobliau maigrichon. Il s’avança dans l’ombre, un homme tentait d’en agresser un autre, qui était allègrement secoué. Sans réfléchir Staz lança un « EH ! » sonore, qui fit sursauter l’agresseur, déguerpissant aussitôt.
Le jeune homme se précipita aux côtés du pauvre bougre. Celui-ci pantelant essayait de remettre en place ce qui était tombé de sa serviette, balbutiant des mercis, à tout va. Ah, Staz n’avait pas fait grand chose, juste un peu de bruit, et si l’autre n’eut été un couard, il n’aurait surement pas fait le poids en duel.
Des objets s’étaient éparpillés sur le sol, et alors qu’il se baissait pour aider à ramasser, il se senti comme électrisé, aussitôt son souffle se fit et il tomba sur les fesses : des images lui défilaient devant les yeux alors que serrée dans son point se trouvait une petite amulette qui se mit à luire d’une lueur bleuté. Aussitôt l’homme la lui arracha des mains et posa l’une des siennes sur son épaule scrutant son visage encore enfantin.
« Eh bien mon garçon… ça pour une surprise… Allez, venez donc. Venez, j’ai des gens a vous présenter. »
Sa première introduction à « la vérité » ( comme il l’aimait à l’appeler sur le model de ses maîtres spirituels de la secte des mystères -nom en référence aux mystère d’Eleusis- ) fut douloureuse, soudaine, comme un glaviot brulant qu’on vous crache au visage. La proximité avec cette étrange amulette avait sembler révéler en lui quelque chose de latent, enfouis.
Qui avait réveillé quelque chose qui peut être, n’aurait pas du être réveillé.
Fin de l’acte I
« Eh bien Monsieur, tenez vous droit. C’est cela. De quoi aurez vous l’air avec cette dégaine ? »_ Un précepteur, Mr. Daurevin à Anastase. 1690.
Acte II
ou, de l’amour et de la perte.
C’était étrange, cette fois-ci il ne se souvenait de rien. Il y avait comme un flou, un noir au milieu de sa tête. Sa femme était penchée au dessus de lui.
« cela va-t-il mieux mari ? Vous êtes fort pâle. »
Un hochement de tête fiévreux lui répondit par l’affirmative.
C’était toujours comme ça, lorsqu’il “ sortait de lui ”. Il commençait juste à comprendre toute l’ampleur de ce don, aidé par certains autres membres de cette secte occulte à laquelle il appartenait. Mais ce don en était-ce vraiment un ? Aucune idée. Il avait cette aptitude à laisser a terre son enveloppe physique, de paraitre tel un fantôme, invisible aux yeux des vivants, de voir et de ressentir plus fort.
Pourtant cette fois-ci il y avait quelque chose d’étrange, comme un noir au milieux de son crâne, quelque chose qu’il ne pouvait expliquer : Aucuns souvenirs.
« Il est passé deux jours d’horrible fièvre, vous déliriez mari. Vos humeurs ne vous laissent pas tranquille… »
Deux jours ? il était resté alité deux jours ? Voila qui était nouveau, jamais cela ne lui avait pris aussi longtemps. Il ne s’en formalisa guère, mettant cela sur le compte de la fatigue.
Il n’avait jamais parlé de ses « aptitudes à qui que ce soit. Pas même à sa femme. Il avait expliqué cela comme une santé fragile, ajouté quelques termes compliqués pour enjoliver le tout et voila, tout le monde le croyait.
Il avait fini par tout quitter, cette noblesse désargentée et futile, travaillant maintenant à la direction d’une imprimerie. Le travail lui faisant perdre sa qualité de noble, à son plus grand plaisir. Il avait fini par se marier avec Blanche, une amie d’enfance qu’il avait toujours aimé . Une fille de riche bourgeois ( un de ceux qu’il avait rencontré ce soir là en bord de seine ), intelligente, douce mais qui n’avait pas froid aux yeux. Elle avait de l’esprit, et même si elle n’avait jamais vraiment été versée dans les études, elle avait plus de repartie et de prestance que la plupart des gens qu’avait fréquenté Anastase. Pour lui, l’érudition n’était pas une condition de l’intelligence.
Il se releva sur ses coude et attrapa le visage de sa douce en coupe, ses doigts rugueux contre la peau douce. Elle avait les yeux noisettes et les cheveux châtains, le bout de son nez et de ses joues était souvent rougis, et sa peau parsemée de taches de rousseurs.
Lorsqu’il pensait à elle, il pensait à l’automne. Ces couleurs chaudes et chatoyante, ces mélanges de brun, d’or et de roux, ces odeur de cheminée qui rappellent un foyer, une certaine douceur et une nostalgie poignante.
Les pouces masculins glissèrent sur les joues rondes et en chaire de la petite femme qu’il pris dans ses bras. Pour ceux qui connaissaient Staz en public, il était un homme décidé et intransigeant, toujours prêt à défendre ses idées et à se confronter verbalement au premier venu. Et la douceur dont il faisait preuve avec Blanche était bien égale à la force avec laquelle ils se disputaient, étant deux être butés de nature.
« PAPA ! »
L’injonction roula dans les couloirs, en même temps qu’une sorte de petit monstre qui sauta sur le lit. Submergé, le monstre s’accrocha au cou de Staz. Une Blanche miniature, aux cheveux frisés dont seul différait du model original les yeux bleus perçants qu’elle tenait de son paternel.
« Eh bien ma fille, en voila des manières. Me sauter dessus ainsi » S’insurgea t-il faussement, commençant à la chatouiller.
« Allons Camille, laisse donc ton père reprendre ses esprits. » Elle lui jeta un regard inquiet « Vous nous rejoignez pour diner ? » Phrase à laquelle il répondit par un hochement de tête. Il savait bien que sa femme était loin d’être aveugle et qu’elle remarquait bien que cette « santé fragile » dissimulait quelque chose. Mais elle ne posait pas de questions, les époux s’étant entendus pour se laisser leur indépendance.
Il soupira, regardant sa femme passer la porte, leur fille de 5 ans dans les bras. Que fallait-il à un homme de sa condition pour être plus comblé ? Un femme aimante, une petite fille, un travail stable dans ces temps troublés de XVIIIème siècle.
Rien, bien sûr il ne lui fallait rien de plus.
Alors pourquoi ? Il porta la main à sa poitrine, se serrant dans l’étoffe de sa chaise de nuit. Pourquoi avait-il l’impression qu’un éclat de verre avait pris place dans sa poitrine. Pourquoi cette inquiétude qui faisait se plisser son front ?
Chassant ces pensée d’un geste de la main, il rejeta ses draps et se leva.
Ils n’avaient pas remarqué tout de suite. Ce n’est pas quelque chose qui se remarque en un clin d’oeil après tout. c’était plus ténu, plus subtile qu’une pustule en plein milieu du front, qu’une amputation, ou que la petite vérole. Les temps passait, Blanche grandissait, et les rides commençaient à venir strier les yeux de Blanche, les rendant rieurs même lorsqu’elle paraissait triste. Plus le temps passait, plus il lui semblait aimer sa femme. Il aimait les fossettes qui se formaient sur ses joues, la façon qu’elle avait de tenir de plus en plus loin les feuilles de papier de son visage pour réussir a lire ( tout en niant qu’elle perdait la vue ), les petites rides aux coins de ses yeux doux, la façon qu’elle avait de se plaindre de son dos, de ses envies incessantes et fuyantes de changement, de lui demander tout le temps s’il l’aimait comme à leurs 20 ans.
A cela il avait envie de répondre qu’il l’aimait encore plus.
Mais là était le problème. 8 ans étaient bien passé et lui ne changeait pas. Son visage était toujours égal, toujours celui de ses 35 ans, immaculé et vierge de toutes nouvelles rides outres celles qui marquaient déjà son faciès.
Il mit du temps à s’en rendre compte. C’est Blanche qui le mit face au fait accompli. Après tout son père avait toujours était penché sur l’ésotérisme et le fantasque, il l’avait élevé dans l’ouverture d’esprit qui permettait d’accueillir la vérité. Et la vérité était là. Anastase ne vieillissait pas. Ou plus. Il semblait une image figée, constante. Morte.
Il commença à se cacher, on prétexta que la maladie le retenait au lit et qu’il ne pouvait plus recevoir de visite. Il ne pouvait pas sortir ainsi, les gens remarqueraient. Les gens remarquent tout et les rumeurs vont de bon train. Certains de ses amis étaient déjà mort. A l’époque la mort venait vous cueillir plutôt Quelques années de plus passèrent, Blanche venait de faire 50 ans, Blanche qui semblait suivre un chemin sur lequel il ne pouvait plus avancer avec elle. Il lui paraissait alors que quelque chose fuyait entre ses doigts, il se trouvait impuissant devant la grande marche du temps.
L’enfermement le rendait fou. Il tournait et retournait comme un fauve dans sa cage; ruminant son impuissance face à la situation.
50 ans c’était déjà bien vieux, c’était déjà un bien beau cadeau. Aussi Blanche tomba malade. Petit à petit Staz voyait sa beauté se faner. Peu à peu l’automne qui avait réchauffé son corps toutes ces années prenait les allures de l’hiver. L’éclat des rouges et des ors prenaient la pâleur des lac givrés, tandis que les châtaigniers perdant leurs feuilles et leurs fertiles fruits se desséchaient maigrissaient, se glaçaient de l’intérieur.
Et de cette femme ronde et pleine, éclatante de vie qu’il avait tant aimé, il ne restait plus qu’une pâle silhouette aux lèvres bleuté, qui dessinait caricaturalement et avec maigreur les contour de cet être qu’elle avait été.
Ironiquement, ce fut entre l’automne et l’hiver qu’elle mourût. Depuis il détestait cette saison.
La mort de Blanche fut un coup dur pour Anastase. Il resta enfermé chez lui. Obligé de ne pas aller à l’enterrement pour ne pas se compromettre, car depuis le temps les gens le croyaient mort. Il commença à boire. A se torturer l’esprit plus encore.
Heureusement Camille était là. Camille, douce Camille qui grandissait bien vite. Oui, heureusement qu’elle savait prendre soin de son père, après tout il aurait tout fait pour elle puisqu’elle était tout ce qui lui restait. Elle était l’avenir et le souvenir. Elle était le renouveau, l’espoir comme le couteau dans la plaie.
Parfois le soir lorsqu’il se promenait dans la maison, ou passait dans la chambre de sa fille pour lui souhaiter bonne nuit, il lui arrivait de la voir à son miroir, de dos. Et dans cette fatigue des soirs, dans l’ombre de la nuit chamboulée par les bougies, il lui semblait ne plus voir sa fille, mais Blanche l’attendant. Camille était un fantôme, sa vision plus, elle grandissait, était chaque fois moins supportable. Elle avait alors le même que celui auquel ils s’étaient rencontré. elle était son portrait craché.
Il lui semblait que l’automne renaissait, toujours aussi désirable. Quand il regardait sa fille, il voyait les même cheveux châtains, bouclés et indomptables, la même moue boudeuse, les taches de rousseurs, cette façon mutine et butée de lui tenir tête. Il revoyait l’automne. Quand il passait ses mains dans les cheveux de Camille, il désirait Blanche.
Et cette pensé, cette simple pensée et toute ses conséquence l’horrifiait, le dégouttait de lui au plus au point.
Alors, il fit ce qu’il savait faire au mieux : le lâche.
De sa main, il écrit une lettre, lui laissa tout son pécule et parti. Il préférait abandonner sa fille plutôt que de la compromettre. Aussi douloureux cela soit-il.
Mais les raisons étaient plus profonde, au delà de cette attirance et de ce désir malsain pour une amante morte qu’il revoyait en elle. Il refusait de voir sa fille devenir plus vieille que lui, il refusait de la voir mourir dans ses bras comme il l’avait fait pour sa femme.
Fin de l’acte 2
« Citoyen DeSycambre ! Aux barricades, la revolution n’attend pas ! » Un autre citoyen a Anastase _ 1789
acte III
ou, De la vie nouvelle.
Il grogna, tandis que le soleil vint chatouiller son visage. D’un geste las et visiblement agacé, il reposait les couvertures sur son visage pour s’abriter de ce filou rayon qui l’indisposait de si bonne heure. Les draps blanc avaient cette odeur douce-amère de linge et d’amants, des odeurs mêlées, enlacées, chauffées par deux corps. Il soupira en y frottant son visage, étirant ses jambes dont le pied en rencontra une autre. L’air avait une odeur d’encre et de café, de vieux papier et de literie : une odeur agréable.
« Tu as les pieds froids, Anastase. » Lança une voix masculine à ses côtés. Sans ouvrir les yeux et répondant par un grognement, il laissa ses oreilles s’emplir de cette voix, de cette respiration à côté de lui, du bruit de papiers que l’on froisse. Puis il remua, rampa de quelques centimètres dans le lit pour poser sa tête contre le flanc de son compagnon assis dans les draps, adossé à la tête de lit.
Se pressant contre le corps chaud, il daigna enfin rouvrir les yeux, la clarté du jour en demi-teinte, filtrée par les rideaux, fit un instant rougir ses yeux bleus. il se retourna, posant l’arrière de sa tête sur son oreiller humain, un air curieux au visage.
« Qu’est ce que c’est ? » Lança t-il en désignant les feuilles que le brun tenait entre ses mains et relisait avec application.
« Les derniers brouillons de mon nouveau roman » répondit-il, passant sa main dans les cheveux blonds. « Je me suis inspiré de toi pour un de mes personnages, d’ailleurs… » Un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres.
Staz qui avait refermé les yeux, rouvrit un oeil interloqué « Ah oui… ? »
Un doigt taché d’encre tapota son front, alors que l’autre reportait son attention sur les feuilles. « Oui, Charles Swann, un dandy, petit aristocrate. Lui aussi à un grand projet de livre qui n’avance pas »
Grommellement. « Ça c’était très petit Marcel. » Lança le blond et remontant la couverture sur son nez et en lui donnant un coup de tête.
Quelques minutes passèrent en silence. Les bruits de feuilles recommencèrent, au dehors par la fenêtre entrouverte on entendait les bruit de Paris vivant ce matin de dimanche. Doux matin de dimanche dans les années 1900. 1907, 1908 ? Il ne savait plus très bien.
« Je vais repartir. » Dit Anastase, brisant ce silence. Cela faisait plusieurs minutes qu’il se demandait comment amener cette phrase trouble et fatidique. Il avait fini pour opter pour la méthode, ça passe ou ça casse. Quelque chose de direct.
En dessous de ses couvertures, il put entendre distinctement le bruit que firent les doigts en se crispant sur les brouillons.
« Où ? » répondit simplement Marcel.
Anastase soupira, cette simple réponse contenait déjà beaucoup trop de tension et d’agacement. « Egypte »
« Quand ? »
« demain. »
L’échange se termina ainsi. Le silence était maintenant lourd.
Bon dieu Staz, pourquoi est ce que tu fais toujours tout foirer ? maugréa-t-il sous sa couette
Pourquoi faut il toujours que ce soit si compliqué ?« De toute façon c’est toujours comme ça avec toi. Tu surgis toujours pour repartir le lendemain » S’emporta l’autre homme élevant le ton, et s’asseyant au bord du lit, lui tournant le dos.
« Marcel, calme toi… »
« Eh bien pars, qu’est ce que tu attends, tu es inconsistant et fugitif. Pourquoi t’obstiner à fuir tout le monde, encore et toujours ? e-…»
Le brun se mit à tousser. L’air entrant d’une façon rauque et douloureuse, traduisant la difficulté de homme à reprendre son souffle. Un râle grave, asthmatique sortait de sa trachée comme le vrombissement d’un moteur. Staz se redressant passa sa main de le dos de l’autre homme, le front barré par l’inquiétude. Tandis que l’autre calmait sa toux, il posa son nez dans son dos, soupirant de lassitude.
C’était un bon résumé de sa vie ça : fuir.
Novembre 1922 - Suède.« Monsieur une lettre pour vous. »
Staz releva la tête de ses fouilles enneigées, laissant son ouvrage pour tirer ses gant de ses mains gelées et se saisir du papier. Le bout de son nez était rougis par le froid polaire, comme ses joues, et ses lèvres avait saigné à cause de diverses gerçures, sa bouche enfin, recrachait de lourdes volutes de fumée.
D’une main tremblante il déplia le papier.
« Monsieur,
Nous avons le regret de vous annoncer le décès de Mr. Marcel Proust, survenu ce Samedi 18 Novembre. […] »
Ses doigts gelés se crispèrent sur le papier. Hugo avait raison « La vie n’est qu’une longue perte de tout ce qu’on aime. »
Fin de l’acte III.