Depuis la nuit des temps, l'Homme se pose une même question : sommes nous vraiment seul ? Que ce soit sur terre ou bien ailleurs, dans l'au-delà, l'être humain à souvent chercher des réponses sans jamais en trouver. En quête d'une chose qui serait son égal, un être qui lui serait supérieur, un modèle, peut être, ou encore un ennemis, ses recherches, hélas, ont toujours étaient vaines. Années après années, siècles après siècles, de nouvelles questions étaient soulevées, mais toutes restaient sans aucune réponses et ce malgré les incessantes recherches, les gigantesques et terribles inquisitions et les nombreuses battus. L'ignorance reignait. Lire la suite.
Dans une ville où tout n'est que néon et autres parures artificielles, le vent paraissait être, indéniablement, avec la pluie, le seul enfant que Mère Nature eut bien voulu laisser derrière elle, pour bénir malgré tout ces avortons d'humains mufles, avançant la tête baissée, le dos chargé, les pieds se faisant trébucher. Même Chronos semblait avoir pris le parti de ne pas s'en mêler, et les aiguilles tournaient presque plus lentement que l'emploi du temps à la chorégraphie millimétrée, millicomptée. On enchaînait les pauses sur des tâches, on s'absorbait dans une cadence parfaite et immuable. On égrenait. On attendait.
Les derniers clients mâchaient consciencieusement le contenu de leur assiette, faisant jaillir le jus hors de la viande, crissant l'émail de leurs dents, léchant leur bouche gercée, peinte ou éclatée. Une rythmique silencieuse s'élevait dans un recueillement religieusement important au milieu du tumulte au dehors, un bruit de fond mettant la machine nocturne en marche, grotesque souvent, triviale toujours. Ici, dans le petit bistrot-restaurant du Last Quarter, Felicie et Tonio offrait la chance d'une halte, d'un échappé de sérénité. Il n'y avait dans la salle ni horloge, ni télé ou radio rappelant la date, le jour, l'heure, les rendez-vous, la débandade du dehors. Seuls les disques d'opéra nasillards avaient le droit d'imposer leur tempo, créant un décalage radical avec l'implantation du lieu. On y trouvait un charme passé et on s'arrêtait. Ca n'était pas plus compliqué que ça.
Cela faisait presque un mois que Sully travaillait là et ce ballet éthéré ne le lassait toujours pas.
Dans son dos, Tonio lui cria de surveiller le feu mieux que ça: la soupe débordait.
*
L'air glacé lui fêta son retour en lui mordant sauvagement la figure. Le temps se réchauffait certes en ce début de printemps, et déjà les adolescents sortaient plus volontiers dans les rues pour le simple plaisir de partager une bière sur le trottoir, les parcs et rire à grands bruits; mais le choc de température entre la cuisine du resto et le dehors ne s'ignorait pas pour autant et son blouson, quoique pratique avec ses poches innombrables, était un choix peu judicieux, au vu de ses habitudes physiques. Il griffonna un pense-bête: prochaine paie - acheter un manteau. Il serait alors probablement trop tard mais au moins, ça sera fait.
Sur le chemin du retour, il y avait des clochards, des donzelles, des dealeurs - qu'il dépassa dans un coup de vent: c'était, selon lui, sa manière personnelle de dire bonjour - et une floritude d'autre faune qu'il avait appris à connaître et à apprécier. C'était le paysage de Chicago mais uniquement dans ses recoins familiers. Il était dans son élément, même s'il ne faisait pas l'effort de vraiment s'intégrer. Socialement. Mais bon, de toute manière, ça n'avait jamais été le cas. Y compris dans sa ville natale. Laurette disait qu'il manquait de grandeur et de poésie.
Laurette avait la sale manie d'avoir raison même quand elle avait tort.
La bannière lumineuse clignotait et éclairait la boutique dans un halo livide. Les heures d'ouvertures s'affichaient avec une typo un peu dézinguée sur la porte vitrée et des affichettes de spectacles annoncés décoraient la partie inférieure du battant. Le souffle du chauffage lui décrispa la mâchoire. Il régnait, sous les tubes de pop du moment, un repos de l'esprit plutôt réconfortant. C'était comme obtenir les effets apaisants de la clope avant la clope. Une petite file de personnes se prolongeait déjà au comptoir. Il repéra une de ses "voisines", qui louait une chambre à l'étage sous le sien et lui adressa un coucou de la main. Elle ne lui répondit pas, visiblement trop absorbée par le magazine qu'elle feuilletait en attendant son tour. Sully soupira et attrapa un panier.
Les courses étaient sommaires: une bouteille de lait, une bouteille de rhum et un jus de rhubarbe, et un paquet de chips. Le repas le plus sain de tous les temps, sans aucun doute. Il croisait simplement les doigts pour que le "vieux" - c'était la routine affectueuse - ne lui fasse pas une nouvelle fois la morale sur le principe d'âge et de consommation. Je t'en foutrais, moi, des théories sur la croissance.
Parce qu'il détestait prendre le risque de faire un faux pas dans la queue, Sully entreprit de faire le tour de la supérette, évaluant le packaging des aliments du regard. Il aimait répertorier les couleurs, deviner les tendances susceptibles en telle et telle saison de tenter les acheteurs. Quelque part dans ses souvenirs, il avait gardé une longue conversation-débat avec Suzie concernant le fonctionnement du marketing. Et apparemment, le visuel contenait plus de messages subliminalement intentionnel qu'on ne voulait bien le croire.
Suzie lui manquait. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il était incapable de mettre le doigt sur la raison exacte. De si c'était le temps qu'il avait partagé avec elle, ce qu'elle était, ou ce qu'elle incarnait. Ou ce que lui avait été, et ce qu'il avait incarné.
Ce qu'il éprouvait encore pour elle, c'était comme une tranche d'ananas, ça explosait, acide, à l'intérieur de lui, avec encore le sucre qui vous fend les lèvres et pourtant cette goulée d'air frais qui vous donne envie de vivre un peu plus.
- Je prends ça. Et une cartouche de Marlboro avec.
Peut-être qu'un jour, Laurette lui apprendrait la poésie.
Ishaq Abdelazim
All the old paintings on the tombs
They do the sand dance don't you know
If they move too quick (oh whey oh)
They're falling down like a domino
All the bazaar men by the Nile
They got the money on a bet
Gold crocodiles (oh whey oh)
They snap their teeth on your cigarette
▌Espèce : Anubis || Dieu Égyptien - Ishaq peut se transformer partiellement ou totalement en chacal. Il peut aussi converser avec les morts, ce qui lui donne parfois de violentes migraines; peut juger l’âme des mortels (s'ils sont bons ou non); est immortel mais son corps reste vulnérable; néanmoins, ses pouvoirs diminuent au fur et à mesure que ses fidèles disparaissent. ▌Messages : 38 ▌Double(s) Compte(s) : Cey moua la fonda (encore lel)
Sujet: Re: FT. ISHAQ | Les canettes d'ananas périment au 1er mai. Sam 16 Avr - 20:56
bad moon on the rise
La nuit tombe si vite ces derniers mois, j'ai presque pas le temps de voir la journée passer. J'ai l'impression qu'en un clignement d’œil, des heures et des heures s'écoulent, que les aiguillent de mon horloge sautent et se dérèglent juste pour m'emmerder. Ne pas voir le temps qui vous file entre les doigts, je trouve qu'il n'y a rien de plus désagréable. Pourtant, des années devant moi, ce n'est pas ce qui me manque. Mais, je ne veux pas laisser filer les minutes sans ressentir le poids de chaque seconde qui les compose. Peut-être que je ne m'ennuie pas assez, peut-être que je travaille trop, ou peut-être bien que je me suis habitué à sentir un siècle passer comme s'il s'agissait d'une année ? Quoiqu'il en soit, j'ai terriblement envie de profiter, de prendre le temps de voir et de vivre ce siècle, de déguster chaque instant passé dans cette ville. Car je sais que je n'y resterait pas éternellement. La vie d'un immortel n'est composée que de voyages, d'une errance sans fin. Un jour, Détroit ne sera qu'un vague souvenir. Alors, pour le moment, je veux sentir cette ville, l'acier froid de ses industries sous mes doigts, le silence de ses ruelles désertes, ou encore entendre les imperturbables sirènes de police briser le silence de la nuit. Alors, quand je vois ces gens, alignés sagement dans la file d'attente, j'ai envie de leur dire de se presser, de s'occuper, car leur vie est courte et ne devraient être hantées par l'ennuie. Mais mon boulot veut que je reste là, moi-aussi, et que je scanne calmement chacun de leur produit en écoutant les soupires de quelques fantômes, fatigués que je ne leur fasse pas la discutions. C'est assez frustrant, pour tout vous dire. Derrière mon comptoir, j'ai la terrible sentiment de n'être qu'un spectateur, alors que je pourrait être un guide. Pourtant, c'est la vie que j'ai choisis : rester dans mon coin et n'éclairer le chemin de personne. Je pense que c'est l'habitude, mes vieilles manies de dieu qui me hurlent d'aider le genre humain. Mais je m'évertue à rester un homme aux yeux des hommes. Même si parfois j'aimerais retrouver ma gloire passée, l'envie d'anonymat reste plus forte.
- Je prends ça. Et une cartouche de Marlboro avec.
Je lève les yeux, sortant de mes pensées et détaillant pour la première fois depuis le débout de la soirée ce corps qui se présente devant moi. Jusque là silhouette floue, je peux enfin dicerner quelques mèches blanchâtres qui entourent ce visage comme une pâle auréole ; ces cernes qui creusent ses yeux et cette mine de croquemort. Ce gosse, je le connais, en même temps, y en a pas cent comme lui. C'est un de ces gamins qui traine : une allure étrange, le regard ailleurs, comme une âme coincé entre deux mondes. En parlant de ça, les chuchotements ce font plus nombreux autour de moi, mais aussi plus incompréhensible. Chaque fois qu'il approche, c'est comme ça. Je me demande ce qu'il doit trainer derrière lui pour que l'au-delà s'affole autant sur son passage.
- J'te scanne tes articles, mais pour les clopes, tu peux rêver. Tu sais que t'es sensé être majeur pour pouvoir en acheter. Sauf que j'ai jamais vu l'ombre même de ta carte d'identité.
J'attrape quelques produits emballés dans toujours plus de plastique, faisant machinalement biper la machine avant que leur prix ne s'affiche sur le moniteur. C'est clair que si je commence à vendre des clopes à n'importe qui, j'aurais bientôt les fliques au cul. On peut pas dire que je sois riche, alors l'amande à payer, trop peu pour moi. Ma mère disait toujours : quand tu peux éviter les emmerdes, fait le. Enfin, elle ne le disait pas de cette façon, mais vous avez compris l'idée. Mais bon, vu que je suis pas totalement dénué de pitié, je fais glisser une de mes propres cigarettes, ni vu, ni connu, dans le monticule de nourriture. Après tout, je sais ce que c'est d'avoir envie de se griller une clope après une longue journée et je ne compte pas jouer au vieux con en retirant ce plaisir à Sully. Si lui vendre un paquet met mon commerce en danger, je ne risque pas d'être coffré pour lui avoir filé une Winston.
- D'ailleurs tu peux aussi faire une croix sur la bouteille de rhum.
Tranquillement, je la sépare du reste de ses achats avant de lui offrir un sourire forcé. En fait, si, je suis un vieux con.
- ça te fera 6,50$. Tu veux un sac avec ça ?
(c) MEI pour APPLE SPRING
Sully Morpeth
▌Messages : 116 ▌Age : 26
Sujet: Re: FT. ISHAQ | Les canettes d'ananas périment au 1er mai. Sam 30 Avr - 10:07
Très, TRES honnêtement, si ça ne tenait qu'à lui, il monterait directement sur le tapis roulant, enjamberait la caisse, se laisserait tomber dans le dos du Vieux' prendrait son paquet de clopes OKLM et ferait le trajet en sens inverse. Ensuite? Ensuite il irait chercher une autre bouteille de rhum, juste pour la provoc' et la déposerait tranquillement avec le reste des courses.
En prenant un poil de recul, il n'avait définitivement pas des fantasmes des plus excitants, il fallait le reconnaître.
Surtout que dans les faits, il n'allait - mais alors tellement pas - avoir le cran de faire cette magnifique chorégraphie bien trop osée et dangereuse. Non mais parce qu'il ne fallait pas exagérer, non plus, M'sieur l'Abdelazim - oui, les sonorités le font beaucoup rire, il avait aussi complètement la flemme de le prononcer même silencieusement en entier, à chaque fois - était peut-être un adulte accompli ou juste un adulte tout court, conséquemment un vieux, Sully avait un minimum de connaissance sur la force physique disposée à chaque âge de la vie, et clairement, un trentenaire c'était suffisamment vigoureux pour vous tenir deux fois en respect. Voir trois. Une certitude tout à fait psychologique et valide. Du coup, pour son honneur et par respect envers son amour-propre, autant que parce qu'il n'était pas du tout du genre à pouvoir se le permettre, il décida d'éviter un esclandre se terminant en corps à corps et plutôt miser sur un chouïa de puissance persuasive. Jan l'avait fait des milliards de fois, Tim aussi. Et P'pa avait épousé M'man. Il devait bien avoir sa chance, non? Le talent c'est pas génétique?
- Allez, fais pas genre tu sais pas cuisiner. Je vais faire des crêpes, si tu veux tout savoir. Des crêpes suzette.
Il inspire profondément, une large goulée d'air pour calmer l'adrénaline qui menace de déborder, agrippe plus fermement le fond de ses poches pour arrêter le tremblement de ses mains. Le stress, cette saloperie.
- T'as jamais fait de crêpes suzette, M'sieur l'Abeille? Ca se flambe au rhum, et la chaleur, elle évapore l'alcool. Comme ça, tout le monde est content: j'ai rien consommé qui soit dangereux, et en plus j'ai des crêpes suzette.
Vu ce qui restait dans son frigo, c'était une fable absolue; mais en soi, il n'avait aucun besoin de partager les détails.
En parlant, il avait tenté de se montrer détendu et avait appuyé son regard spécial plaidoirie d'une pirouette pour s'accouder contre le bord de la machine. Il regrettait totalement ce choix, dans la mesure où la position lui cassait le dos comme pas permis et son avant-bras le tirait lamentablement. D'une oeillade, il s'accorda de vérifier si le commerçant aller se risque ou non de le mettre à la porte. C'était un homme complaisant et bien élevé, il n'en doutait absolument pas, simplement il avait aussi une pleine conscience de l'agacement qu'il pouvait susciter. Pour se faire pardonner son caractère, Sully grimace un sourire implorant, de ceux qu'il déteste exécuter, parce que ça lui arrache la gueule et qu'ils lui rappellent une époque de soumission absolue. Frika lui faisait parfois remarquer qu'il n'avait pas beaucoup l'air de s'être enhardi, mais lui le sentait, il avait fait déjà beaucoup de progrès, et ne pas constamment détailler ses pieds lorsqu'il donnait la charade en faisait partie. Quelque part, il voulait croire qu'il appartenait à ce décor de la rue et de l'indépendance, le plus fort possible. La chose risquait donc de tourner cocasse si ce n'est pitoyable s'il n'était même pas d'aplomb à négocier ses courses.
- Et puis, c'est pas très sympa, le coup de la carte d'identité. T'es en train de me dire que je ressemble à un mioche. Est-ce que toi, tu as une tête de vieux? Non. Et pourtant, je suis capable de t'appeler Vieux.
Ca n'a rien à voir, et en plus il raconte un tissus d'inepties. Mais c'est comme l'accordéon et les salades de fruit. Peut-être que s'il continue d'émettre de quoi agrémenter son propos, on lui concédera ce qu'il veut. C'est indubitablement une attitude d'enfant. La boutique ressemble à celle d'un mauvais jeu de téléphone portable, réglée pour que les client viennent vous déranger et polluer votre espace visuel. Il y a la jeune femme qui cherche sa place, la mère et la fille qui se disputent sur les ingrédients pour un dîner de famille, le célibataire en chien qui lorgne discrètement sur les magazines, ou même un baraqué qui tire la gueule devant le prix du poisson pané. Finalement, la flore est identique d'un point à un autre dans la ville, ils forment une masse brute et hétéroclite qui hante les lieux comme des automates. Soir après soir, il voudrait les croquer, jeter des traits de fusain désordonnés et se servir de l'épicerie de ce vendeur récalcitrant pour galerie. Pour l'instant, il n'ose pas les familiarités, il sait qu'un réseau, ça prend son temps pour se construire; Alors il se contente de renâcler, les cheveux fous qui lui brûlent les yeux.
"Sully, tu devrais te couper ta tignasse, ça fait mauvais genre, et les gens me demande si ma sœur c'est un remake de Sadako."
Au fond, il ne sait pas pourquoi sa voix lui revient si souvent, ce soir. Sans doute qu'on ne coupe pas le cordon ombilical si aisément.
#MDR TEAM 2007:
Oui, moi je suis old school, je te fais ça bambam! no codes (en vrai je suis juste une vieille qui ne connaît pas la moindre ligne de HTML, qui complexe sa race et qui assume jusqu'au bout.)
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FT. ISHAQ | Les canettes d'ananas périment au 1er mai.
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