Comme la plupart du temps, Vali séchait les court de l’après-midi pour se balader en forêt, ce qui était une sorte de rituel. Il ne prenait pas une forme lupine, il n’en ressentait pas vraiment le besoin : c’était une malédiction et non pas un don, de plus ce n’était pas sa véritable forme. Sa véritable forme était humaine – il se pensait toujours « humain » - et non pas à quatre pattes. De plus, cela l’ennuyait dans le sens où il devrait ensuite retrouver ses vêtements dans la nature, ce qui n’était pas pratique. Néanmoins cela ne voulait pas dire qu’il n’aimait pas la verdure, au contraire, loin du bruit, de la technologie et de la pollution, Vali pouvait imaginer un instant que la ville n’existait plus.

Chaque jour l’effrayait un peu plus. Car aucun automatisme ne lui revenait. Vali s’était habitué à cette vie, mais cela ne lui rappelait aucuns souvenirs. Au contraire, certains de ses rêves se faisaient plus précis, moins confus et beaucoup trop réaliste, lui laissant un goût de sang au réveil. Qui était la personne qu’il tuait de ses crocs ?

Mon frère.

Le dieu ignorant trébucha sur une racine quand la réponse lui était apparue par un flash de mémoire. Il s’étala dans les feuilles mortes, le nez humant soudainement de très près l’odeur de terre mouillé. Vali se sentit mal, tremblant, à la limite de craquer. A ce moment il voulait se rouler en boule et pleurer jusqu’à ce que quelqu’un le rassure, lui explique ce qu’il faisait là et pourquoi il avait fait ça. Pourquoi n’avait-il pas de famille ? Pourquoi aucun parent ne s’inquiétait de son sort et le laissait seul avec trop de question ?!

C’est la faute à mon père.

Son père… Un vague sentiment de colère prit naissance en lui. Il ignorait ce qu’avait pu faire son père mais son instinct lui disait que c’était vrai, qu’il avait quelque chose à voir là-dedans. Vali se releva troublé et plus pâle qu’à son habitude, continuant sa route tout droit, sans but. Il voulait savoir pourquoi mais aucune autres réponses ne lui venait à l’esprit. Au bout d’un moment il réalisa qu’il pleurait, prit d’un mal être évident. Il avait tué son propre frère, s’était la seule certitude qui lui restait. Ce n’était pas vraiment cela qui risquait de le consoler de sa situation.

Et soudain il déboucha sur une petite clairière, où quelqu’un se prélassait.

« Bonjour ? L'autre veut-il venir gouter le Soleil avec Mona ? »

- De quoi ?

Il essuya ses larmes avec ses mains et regarda autour de lui, cherchant l’autre et cherchant Mona – après tout il n’avait rencontré de gens parlant de lui à la troisième personne par conséquent ils devaient être dans le coin. Néanmoins, comme il ne sentit et ne vit personne d’autres qu’eux, il fronça légèrement les sourcils étonné, et déclara, toujours un peu perturbé :

- Moi ? Je ne… pense pas. Je ne voudrais pas déranger je… je passais dans le coin.

L’inconnue n’était pas humaine et avait une drôle d’odeur, à la fois familière mais différente. Comme l’étrange personne aux cheveux blancs qu’il avait rencontré avec Seth. Sauf que cette fois, la familiarité était plus proche. Bizarre.

- Je m’appel Vali. Et toi ?

Le loup perdu n’avait pas compris que Mona n’était pas le nom de quelqu’un d’autre d’invisible dans cette scène, mais bien de l’étrange inconnue.