La pluie s'abattait sur Détroit depuis près d'une heure. Terpsichore n'avait rien contre la pluie, bien au contraire, mais pas là maintenant, bon sang ! Elle était venue aussi tôt que possible, pour ne pas être en retard sur l'ouverture du café. Elle avait mis un moment à trouver le bâtiment du secrétariat général -fort heureusement, une charmante jeune fille lui avait très bien expliquée le chemin. il devrait y avoir plus de gens polis et serviables dans le monde- Malheureusement, devant le nombre de bureaux ouverts et surtout fermés, et le trop-plein d'informations affiché partout, Chore avait de nouveau perdu trente minutes à tourner en rond. Au final, la foule avait eu raison d'elle, et elle s'était sentie obligée de sortir au plus vite pour parvenir à respirer de nouveau. La pluie avait accueilli sa sortie...

A présent, il était neuf heures du matin, et elle était frigorifiée dans sa robe d'été trempée. Elle avait trouvé un coin au sec devant la porte d'un bâtiment, et hésitait à reprendre sa course vers l'arrêt de bus -et tant pis pour l'état de presque transparence de sa robe sous son gilet- ou d'attendre encore un peu sans bouger -avec le risque que la pluie ne s'arrête pas et qu'elle revienne au Greenhouse plus tard que l'ouverture habituelle-.

Chore est en train d'essorer ses longs cheveux blonds quand la porte s'ouvre et qu'une dizaine d'étudiants la bouscule, l'obligeant à retourner un instant sous la pluie. Elle les regarde, agacée d'être quasiment invisible, et souffle sur sa franche. Elle attend que la porte se referme sur elle-même pour reprendre sa place, toujours trop indécise. Mais Chore est à peine appuyée contre le mur de nouveau, que cette maudite porte se rouvre. Sur Vali, donc.

Franchement, il allait vraiment falloir qu'elle bouge de là. Mais elle avait beau être une créature végétale, le déluge, très peu pour elle. Et puis, prendre le bus dans cette tenue... Tout en réfléchissant -ou plutôt en cherchant le courage de reprendre sa course folle contre la pluie jusqu'à l'arrêt de bus-, Terpsichore tresse ses cheveux gorgés d'eau. Elle observe les étudiants s'éloigner, aucun d'eux n'ayant vraiment arrêté son regard sur elle -fort heureusement-.

Rectification : l'un d'eux la remarque. Il la fixe même très franchement. Chore prend une inspiration, comme un plongeur sort la tête de l'eau. La question tombe avant que la dryade n'ait pu décider de la marche à suivre. Allons, il ne va pas la dévorer, et elle vient à l'université pour socialiser. « Peux-tu faire s'arrêter la pluie ? » Demande-t-elle, un grand sourire aux lèvres. Elle repousse ses cheveux tressés dans son dos, et referme son gilet, un peu gênée d'être vue ainsi.

Elle le détaille : grand -il dépasse Chore d'une bonne tête-, les cheveux longs, très long, un look simple... Il a de sacrés yeux. Il n'a pas l'air méchant, bien au contraire, il a un regard doux. « Je me suis faite avoir, je suis venue sans parapluie. » Elle soupire, revient observer la fac inondée. « Le temps que j'arrive jusqu'à la station de bus, je serais morte noyée. » C'est étrangement difficile de plaisanter avec un inconnu. Chore a l'impression de se ridiculiser, mais elle ne revient pas sur ses propos. « Je vais peut-être attendre encore un peu... » Réfléchit-elle à voix haute, revenant poser le regard sur Vali.

Le jeune homme n'a apparemment pas non plus de parapluie, mais il prendra peut-être le risque de se tremper. Ou alors il attendra ici aussi que l'averse cesse. Sous ce porche, avec elle, dans cette tenue. Terpsichore croise les bras sur son gilet, sous sa poitrine, et tente un petit sourire, plus gêné que le précédent. « Si tu caches un parapluie dans une poche, je veux bien le partager quelques mètres, par contre... » Qui ne tente rien n'a rien, après tout.